Fuite d'information
La fuite d'information peut être, soit une déperdition, soit une divulgation inopportune de données. Cette notion met en cause la sécurité matérielle et juridique de l' Information, dans une société médiatique et perméable, paradoxalement, de plus en plus sécuritaire. Elle interroge également nos modes de fonctionnement, individuels et collectifs, pas seulement dans le domaine de la Communication, mais de manière plus globale. La notion de fuite d'informationSi on laisse de côté la fuite d'information interprétée comme une information fuyante (inaccessible ou qui se dérobe) par exemple, dans la recherche, on peut cependant discuter la validité de la définition duale de l'introduction en remarquant, qu'au contraire de la divulgation inopportune qui laisse subsister l'information, la déperdition est une perte de l'information et non pas seulement une fuite. Cependant, cette perte n'est pas toujours irréversible et, à l'inverse, la divulgation porte souvent sur des informations tronquées dont les lacunes sont, de ce fait, parfois réellement perdues. On peut également invoquer que dans le cas de la divulgation, il y a appropriation de l'information par autrui, ce qui ne serait pas le cas dans la déperdition. Pourtant cela renvoie pratiquement aux mêmes exceptions. Par ailleurs, dans le cadre de cette dualité, on peut se demander ce qui n'est pas fuite d'information, exceptées les fuites de matières et de capitaux, lorsqu'elles ne véhiculent pas d'autres données que quantitatives. Ce qui revient à admettre une large palette de situations, conformément au postulat qui veut que tout est information. Toutefois, cette interprétation se traduit par un catalogue laissant à chacun la liberté de choisir une définition, plus restrictive ou plus large, de la notion. La déperdition d'informationLa déperdition d'information suppose une masse de données que viennent altérer certains éléments contingents. On raisonne plus ici en terme de stock, en l'espèce, s'agissant de sa diminution. Les déperditions transactionnellesDans son schéma théorique de l'information Shannon pointe du doigt la déperdition de l'information durant le parcours que fait cette dernière entre l'émetteur (auteur) et le récepteur final (destinataire). Cette fuite est inhérente à la qualité des vecteurs qui justement s'approprient successivement cette information. Cela s'illustre, par exemple, dans la relation plus ou moins parfaite d'un fait, mais concerne aussi la copie matérielle plus ou moins fidèle d'une source sonore ou visuelle. S'agit-il plus ici d'une dépréciation que d'une fuite ? Notons que dans la relation défectueuse d'un fait, l'information initiale ne disparaît pas forcément et peut même être retrouvée à l'état brut s'il est possible de remonter à sa source. Les déperditions médiatiques- Il peut s'agir aussi d'un phénomène tendanciel observé ces dernières décennies, visant l'affaiblissement du contenu informatif de différents médias (au sens large), journalistiques, publicitaires, cinématographiques, télévisuels, etc., notamment au profit de la place laissée aux messages ludiques, distractifs et flatteurs qui n'ont d'autres fonctions que d'exciter nos stimuli et notre émotivité. On y assimile parfois les messages commerciaux. Cette déperdition peut recouvrir une véritable rétention implicite de l'information que s'approprie l'un des détenteurs du contenu informatif qu'il ne retransmet pas ou peu. Mais cette notion de fuite de l'information controversée renvoie au choix de la définition que l'on retient pour identifier ce qu'est une information car, pour d'autres, plus en phase avec les idées de Weiner (cf. note 1), tout le domaine médiatique véhicule de l'information ; les modifications observées récemment ne seraient donc relatives qu'à la nature des informations et non à leur amenuisement.
- Toutefois, une approche alternative relève au contraire une fuite d'information dans le trop plein d'informations qui assaille aujourd'hui nos sociétés par rapport à ce qui est réellement perçu par les destinataires, au point que pour certains, se soustraire à cette vague d'informations permet au contraire de mieux s'informer.
Les déperdition physiologiquesOn peut évoquer un tout autre domaine où la fuite d'information est une déperdition, au sens génétique et médical cette fois, s'agissant des pathologies liées à la Mémoire et au Vieillissement comme, par exemple, dans le cas de la maladie d' alzheimer. Certaines de ces fuites sont cependant réversibles ( amnésies). Les déperditions culturelles- L'évasion culturelle est aussi une fuite d'information. On peut ainsi considérer le vandalisme ou le vol de livres, en tant que supports d'information, fréquents dans les bibliothèques, notamment universitaires ; idem pour les différents types d'archives, sources historiques parfois définitivement perdues. Les évasion patrimoniales (sculptures, peintures, architecture, etc.) sont également nombreuses, par exemple, les vols dans les églises françaises, le pillage des sites archéologiques Khmers ou, plus généralement, les vols dans les musées et les destructions dues aux guerres notamment.
- Dans cette catégorie, il faut aussi évoquer l'abandon à la dégradation du temps de chefs d'oeuvre architecturaux (ou vestiges significatifs), faute d'entretien ou d'en comprendre l'intérêt sur le moment, ou encore certaines restaurations controversées (par exemple en France, celles de l'architecte Viollet-le-Duc ou celles du sculpteur Girardon) qui occasionnent une perte d'authenticité. Des territoires urbains ou ruraux peuvent aussi subir une fuite culturelle avec l'invasion du tourisme de masse et/ou le développement anarchique ou excessif de la construction. Tous ces types de fuites font disparaître, ou amoindrissent, des témoignages culturels, historiques et artistiques, souvent irremplaçables.
- D'une façon plus subtile, constituerait également une fuite d'information, le phagocytage d'une langue par une autre, c'est-à-dire un phénomène allant bien au delà de l'enrichissement naturel des langues entre elles. Tel serait le cas du Franglais, par exemple. A ce titre, quelques pays francophones sont tentés d'avoir, ou ont une législation protectrice à cet égard, comme le Québec et la France.
Les déperditions numériquesLes déperditions informatiques résultent, notamment, des phénomènes des hackers et des virus. Ils peuvent engendrer une fuite d'information dans tous les sens des termes, perte et divulgation. Comme pour les livres, le voleur/hacker s'approprie réellement ou fictivement l'information qui disparaît de son lieu de stockage initial ou de son terminal de visibilité. Mais, comme pour les livres, les pertes de données informatiques peuvent parfois n'être que temporaires. Cependant, cette "fuite" les aura détournée de leur utilisation légitime. Au passage, elle aura fait craindre un partage partiel de l'information inopportun, donc une fuite réelle. Les déperditions mémoriellesEnfin, l'oubli collectif et le temps qui s'écoule peuvent également être la cause d'une déperdition de certaines informations, d'un amoindrissement de ce que l'on appelle la mémoire collective, notamment de nature historique. Ces informations ne sont pas forcément perdues définitivement et peuvent parfois être retrouvées à plus ou moins long terme. Ici, la fuite emporte aussi la notion de dépréciation de l'information, c'est-à-dire non seulement de son oubli mais de sa perte d'intérêt en fonction d'une époque et/ou d'un pays donnés. D'où les commémorations et actions de mémoire destinées à lutter contre l'oubli (célébrations des anciens combattants, mémoire de la Shoah, etc.), mais aussi, la finalité des différentes disciplines historiques ( Histoire, Archéologie, Généalogie, etc), ainsi que les poursuites pour Négationnisme. On peut toutefois revendiquer le droit à l'oubli dans un autre domaine qui est celui des condamnations pénales, dont le casier judiciaire garde normalement la trace. Dans beaucoup de pays, y compris en France, diverses mesures permettent de purger le dit casier de tout ou partie des informations qu'il contient ( amnisties, effacements automatiques à condition de délai, réhabilitation, etc.). Ceci s'ajoute aux diverses prescriptions légales. Autres déperditions et limites de la notionIl y a d'autres types de déperditions pouvant être considérés comme une fuite d'information au sens large. Mais toutes ne rentrent pas dans notre notion. Par exemple, les déperditions de chaleur ne recouvrent qu'une notion quantitative, sauf lorsqu'il s'agit d'apprécier l'activité tellurique ou volcanique par ce biais, tout comme les fuites de matière et de gaz dans cette hypothèse. Pareillement le Corps produit et perd de la chaleur. Si on appréhende cette déperdition pour détecter la vie à distance, c'est une information. De même peut on quantifier la Température du corps par différents moyens, y compris extérieurs. Généralement c'est pour en tirer l'information consistant à savoir s'il y a Fièvre ou non. C'est une fuite d'information, surtout si la prise de température est faite à l'insu et contre le gré de l'intéressé qui veut cacher son état de santé, par exemple. Mais ce que l'on exploite alors est une divulgation et non une déperdition. En outre, dans tous ces exemples, c'est le transfert de connaissances permettant l'interprétation de la fuite qui leur donne leur caractère informatif. Les fuites sonores, sauf à n'être qu'une Nuisance diffuse, véhiculent généralement de l'information directe mais il s'agit également d'une divulgation inopportune et non d'une déperdition. Tout comme une déperdition d'OGM qui, en se transmettant, divulgue bien de l'information, génétique en l'espèce, etc. La divulgation inopportune d'informationDans la compréhension habituelle, la fuite d'information concerne généralement la divulgation d'informations. Il s'agit alors d'informations censées devoir rester secrètes ou, en tout cas, qui sont divulguées au public ou à un tiers (institution ou autre personne privée) contre le grès ou, au moins, à l'insu de leurs détenteurs initiaux ou des personnes concernées par cette information. Intervient aussi le fait que le destinataire n'est pas toujours celui prévu et/ou que la divulgation est parfois seulement prématurée. Cela cause parfois un préjudice, variable suivant les circonstances. Cependant, il ne faut pas négliger les hypothèses où les fuites sont orchestrées au profit de la personne (ou l'institution) concernée par les informations divulguées. On raisonne ici plus en terme de flux. La fuite d'information implique toujours un transfert de l'information et suppose au moins une source, un récepteur et, souvent, un vecteur de propagation. Le tout aboutissant à un partage non souhaitée de l'information. En cette matière, la presse et les journalistes sont en première ligne mais ils sont aussi particulièrement vulnérables aux poursuites. Distinction et assimilation- Quant au fait constitutif de la fuite - L'influence du vecteur de propagation, notamment les médias, sur l'ampleur de la fuite peut inciter à distinguer la fuite d'information elle-même, de sa divulgation, bien que les deux phénomènes soient souvent intimement liés, notamment lorsque c'est la divulgation qui matérialise la fuite. Ainsi le viol de l'intimité du domicile ou du corps est l'occasion d'une fuite d'information qui en est la conséquence. Mais, sauf s'il y a vol d'un document ou captation visuelle (photo, vidéo), la fuite se confond avec l'acte.
- Quant au fait générateur de la fuite - Soulignons ainsi que la frontière est excessivement mince entre la fuite d'information et l'espionnage, l'un étant, dans ce cas, la conséquence de l'autre. En outre le Processus est semblable, en particuliers, chaque fois que la source de l'information est complice (de gré, de force ou involontairement). On peut donc, aussi, assimiler la négligence ou l'imprudence manifeste, conduisant à la divulgation non autorisée d'informations, à la fuite d'information, fut-elle dans ce cas, involontaire.
- Quant à la véracité du contenu - Il faudrait sans doute distinguer entre la fuite d'informations vraies et la fuite d'informations fausses qui, elle, s'assimile plus à la Rumeur et à la Désinformation. Cependant, la fuite d'informations orchestrée par un délateur anonyme (corbeau) ou par un service de renseignement (à des fins d'intoxication) est à la frontière de ces deux sphères puisqu'il peut s'agir du colportage autant de fausses que de vraies informations, tout comme c'est le cas du contenu de la presse people et de ses supposées fuites d'information. En outre, le caractère tronqué qui accompagne généralement toute fuite d'information a bien pour effet mécanique de travestir la vérité; sans compter que les sources sont parfois incertaines, erronées ou incomplètes.
Une notion multiforme - Quant aux motifs de la fuite - La fuite d'information peut être faite avec des intentions malveillantes, voire pour manipuler les destinataires. Mais tel n'est pas toujours le cas. Le but peut seulement être informatif. Mais il peut aussi être sécuritaire, avec pour arrière plan, tout le débat sur le Big Brother qui nous guette.
- Quant à la vectorisation de la fuite - La divulgation d'information est surtout une fuite horizontale. En effet, diverses situations, notamment administratives, nous contraignent à divulguer ou à partager de l'information que l'on souhaiterait rester confidentielle. Le droit organise surtout leur cantonnement et leur cloisonnement, donc de manière horizontale, et c'est aussi de cette façon transversale que l'information peut fuir en sortant de son cocon initial vers d'autres sphères. Cependant, à l'intérieur d'une même sphère, l'information peut être utilisée à d'autre fins que celles qui sont prévues (par exemple, l'utilisation des données du recensement national par la commune). On est alors en présence d'une fuite de nature verticale. Plus indéterminées sont les fuites provenant du partage de l'information (du moins lorsqu'elles ne sont pas autorisées) entre les acteurs sociaux et les services de santé, ou/ et les services de police. Il s'agit plutôt d'une fuite verticale au sein de l'administration (envisagées globalement), mais d'une fuite transversale inter-service.
- Quant aux modalités de la fuite - La source peut se présenter de différentes façons : concours volontaire ou non, vol ou captation à l'insu de celle-ci. Surtout, il faut naturellement envisager l'information sans égard pour sa forme. Ainsi, la divulgation non voulue d'une photographie peut, d'une certaine façon, constituer une fuite d'information de par son contenu. Comme pour la déperdition, il s'agit de toutes données divulguées.
- Quant au caractère inopportun de la fuite - Ainsi, en est-il aussi de toutes traces laissées par l'activité humaine. Mais, en ce domaine, toute fuite ne semble pas inopportune. Par exemple, c'est bien parce que notre corps génère une fuite d'informations diverses, que le Chien d'Avalanche ou de séisme, ou certains appareils de détection (sonores ou de chaleur), réussissent à détecter des ensevelis. Il s'agit là d'une fuite salutaire. Cependant, la même technique employée en cas de Guerre pour détecter un ennemie caché, devient inopportune pour l'intéressé. On pourrait même envisager la fuite d'information au niveau spatial, celle que nous émettons au plan terrestre, comme celle que nous tentons de détecter en vue de l'hypothèse qu'existe une autre civilisation, sans penser aux conséquences éventuellement néfastes qui pourraient en résulter. Cela incite donc à considérer toute fuite d'information, comme étant potentiellement inopportune.
En fait, ce qui semble définir la divulgation de fuite, ce n'est ni les circonstances, ni sa nature, ni son contenu, mais le fait qu'elle n'est pas voulue, ou non souhaitable, du moins en vue d'une utilisation donnée, à un moment donné. Ainsi définie, la divulgation d'information s'observe notamment en matière judiciaire, en matière économique, en matière de sécurité-défense, en matière politique et en matière de vie privée. Les fuites ne sont pas systématiquement répréhensibles mais, suivant les pays, il s'agit souvent d'un Délit, plus exceptionnellement d'un Crime (sécurité de l'État). Typologie des cas de divulgation inopportuneLes fuites policières et judiciairesNotons d'abord que les fuites en matière judiciaire occasionnent une fuite de vie privée (voir ci-après cette notion) à laquelle elles portent généralement atteinte. C'est le cas en France ou, bien souvent, elle écorchent le principe de présomption d'innocence que protège, en particulier, le secret de l'instruction. Cela est particulièrement vrai, par exemple, dans l'affaire Baudis- Alègre qui éclata en France en 2003. Les fuites policières- La fuite d'information est par excellence ce que l'enquêteur de police judiciaire attends de son travail d'investigation, à l'affût des confidences de ses indics ou citoyens-informateurs, au besoin rémunérés, ou de la moindre trace laissée par l'auteur d'une infraction à son corps défendant. Ainsi par le passé, l'Empreinte digitale; aujourd'hui, une quantité de moyens techniques, à la disposition des services scientifiques, pour détecter, par exemple, une empreinte génétique dans l'ADN, ou les traces de Sang par Chimiluminescence. Pour les besoins de l'enquête un juge peut enfin décider des écoutes téléphoniques nécessaires. A noter que la loi prémunit les indicateurs contre toutes fuites concernant leur anonymat, à charge pour les services de polices et la justice de le leur garantir. C'est aussi le cas au Canada, par exemple, avec le programme "Echec au crime".
- Par contre, les indiscrétions concernant la connaissance des éléments de cette Enquête de police judiciaire, par exemple le contenu d'une audition, constituent, en France, une fuite d'information répréhensible, généralement du fait d'un fonctionnaire de police, le plus souvent au profit de journalistes qui s'en feront l'écho. En France, le dit fonctionnaire viole ainsi son devoir de réserve et le Secret professionnel. Cependant, la pression des médias et la guerre entre services judiciaires incitent parfois les intéressés à s'exprimer largement sur leur enquête, comme ce fut manifeste, en France, lors de l'Affaire Grégory-Villemin dans les années 1980. En outre, ces fuites sont courantes, notamment lors du transport du prévenu par la police sur les lieux d'investigation et de fouilles.
- En revanche, les fuites pourraient avoir des vertus civiques. Cas, en France, des forces de l'ordre faisant parfois de la rétention d'information afin de protéger leur activité. Ainsi, faute d'avoir bénéficié d'une fuite à ce propos, un avocat a du aller devant la Cada (voir ci-dessous) pour obtenir le document concernant le bon usage de l'éthylotest lors des contrôles routiers d'alcoolémie.
Les fuites de l'instruction- La fuite peut également intervenir au cours de l'instruction judiciaire proprement dite, sur le contenu du dossier, sur les investigations menées par le juge (perquisition, reconstitution, etc.) ou sur les décisions prises ou envisagées (mise en examen, non-lieu, etc.). Elles sont généralement le fait du personnel judiciaire (magistrats ou greffiers, notamment) et se produisent principalement au profit des médias ou d'une partie tiers. Il s'agit alors du viol du secret de l'instruction.
- Toutefois, les parties au dossier, notamment les avocats, peuvent généralement, librement, en principe, livrer des informations au public concernant leurs clients et leurs affaires, si tel est le voeu et l'intérêt de ces derniers. Mais en France, il s'agit d'un fil d'équilibriste où les avocats ne peuvent se risquer qu'avec prudence. Il faut tenir compte des cas sanctionnés par la Loi Perben II (mars 2004) et la justice est prompt à les condamner pour atteinte au secret de l'instruction, doublé de la violation du secret professionnel (voir ci-après, cette hypothèse) du fait, notamment, de notre système inquisitorial qui ne les autorise pas à procéder à des investigations.
- Enfin les juges sont parfois conduits à faire eux-même la publicité de leur instruction comme un moyen de se défendre d'un risque que l'affaire qu'ils instruisent soit étouffée; soit parce qu'elle est politique : on a vu ainsi en France les juges Jean-Pierre (affaire Urba) et le procureur de Montgolfier (affaire Tapie), notamment, utiliser les médias à cette fin; soit qu'elle est polico-mafieuse comme en Italie, pour surmonter la corruption de l'institution.
Les fuites du JuryNotons également les cas de fuites relatives aux délibérations des jurys d'assises, les jurés étant, comme les magistrats, tenus au secret professionnel. Cependant, en France, dans l' affaire d'Outreau (2001/2005), certains jurés ont violé le secret des délibérations pour faire part de leur malaise, voire de leur remords, sans qu'il n'y ait eu de suites judiciaires. Répression des fuites relayées par la presse- Dans l'un ou l'autre cas, la presse, qui publie ce type d'information (par exemple, un PV d'audition), est parfois inquiétée pour recel. En France, malgré la garantie théorique qu'offre en cette matière la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), interviennent alors, Perquisition des locaux et garde à vue de journalistes. Il arrive donc que des journalistes français soient condamnés pour ce motif, ce qui provoque l'indignation de la profession. En fait est ici posé le problème général de la protection des sources journalistiques, en l'absence d'une reconnaissance du secret professionnel, et alors que la loi Perben II (précitée) stipule qu'un journaliste refusant de témoigner en ce sens, pourra être « requis » de remettre des documents et qu'une perquisition pourra être ordonnée à cette fin.
- Les relations presse-Justice sont néanmoins ambiguës et complexes. La presse est aussi prompte à bénéficier des fuites judiciaires qu'à dénoncer les atteintes notamment au secret de l'instruction et la Justice, elle-même, se sert parfois de la presse. Lorsque l'heure est à la répression, les juges n'ont cependant pas toujours la tâche facile. Pour exemple, la tentative avortée de perquisitionner les locaux du Canard enchaîné en mai 2007 par le juge français Cassuto qui cherchait à identifier la source ayant communiqué au journal le PV d'audition du Général Rondot (affaire Clearstream). Cette fois la fuite concernant les sources a été évitée, mais la fuite judiciaire est restée impunie.
Les fuites économiquesLe monde est en guerre économique et la guerre de l'information est au premier rang de ses manifestations. Par exemple, il existe de multiples officines d'intelligence économique, qui emploient tous les moyens, de l'exploitation des confidences lors d'un dîner d'affaires, jusqu'aux méthodes traditionnelles, numériques et technologiques de l'espionnage classique, et ce, jusqu'aux frontières de la légalité. En ce domaine, la porosité avec le monde de l'entreprise ou des finances et celui de l'administration est de mise, soit par la corruption ou la déstabilisation, soit par le recrutement d'anciens cadres ou fonctionnaires retraités (notamment policiers, militaires ou gendarmes) qui importent leurs savoir-faire, leurs carnets d'adresses et leurs fichiers. Certaines administrations agissent parfois de concert avec ces officines, au profit de la protection et du développement de leurs entreprises nationales sur les marchés mondiaux, comme aux États-Unis avec l'exemple du Cabinet Kroll qui emploie d'ailleurs quantité d'anciens de la CIA. En France, la prise de conscience est plus récente. Les fuites financières et boursièresLes fuites peuvent concerner la situation réelle d'une entreprise cotée en Bourse, des projets de rachat ou de fusion, de futurs projets ou contrats en cours de négociation, etc. En France, si la connaissance d'informations divulguées à un petit nombre débouche sur des opérations financières ou boursières concernant l'entreprise visée par ces fuites, en vue par exemple de vendre des actions (ou au contraire d'en acheter), avant que soient connues de tous des informations qui leur font perdre leur valeur (ou au contraire en rehaussent la valeur), cela peut constituer un recel de Délit d'initié (exemple : l' affaire EADS). Mais ici, ce n'est pas la fuite qui est punissable mais son utilisation frauduleuse par les détenteurs privilégiés d'informations sensibles. En France, l'Autorité des marchés financiers (AMF) est chargée de s'en inquiéter et d'engager les poursuites devant les juridictions pénales, si nécessaire. Mais ce délit reste difficile à prouver. Les fuites industrielles et commercialesEn ce domaine, les fuites sont nombreuses et pourtant, selon certains sondages, 95% des entreprises ne seraient pas conscientes de celles qui concernent notamment leur fonctionnement. Les fuites par espionnage ou malveillance- La fuite d'information peut intervenir à l'occasion d'un espionnage industriel, commercial ou scientifique dont est, par exemple, complice (volontaire ou négligent) un membre du personnel de l'entreprise spoliée. Au minimum, il s'agit d'une atteinte à la concurrence. Tel fut, par exemple, le cas en 2006/2007 en Formule 1 avec les affaires Ferrari-McLaren-Renault, celle de Coca-Cola ou celle chez Michelin-France. Le groupe Valeo-France n'a pas été épargné non plus. Il peut s'agir aussi de divulgations et de copies de licence, souvent par espionnage ou malveillance, qui visent notamment l'atteinte à la propriété intellectuelle (droit des marques, Droit d'auteur, etc.) et éventuellement le domaine des contrefaçons. Il peut enfin s'agir de la revente des plans stratégiques de l'entreprise (plan recherche, plan financier, plan marketing, plan partenarial, etc) ou de l'évaluation plus globale des acteurs d'un marché (financier ou commercial) ou encore de celle d'une transaction, d'un projet, etc.
- Cependant, le risque d'espionnage économique par internet est en passe de devenir le problème majeur. Différents stratégies et moyens d'intrusion à distance existent, à commencer par les enregistreurs de frappes (keylogger), matériels ou logiciels, permettant de trouver tous les mots de passe protégeant l'accès au réseau et aux fichiers de l'entreprise. Evoquons aussi la technique de l'abandon volontaire au bon endroit d'une clef USB, recelant un mouchard logiciel, dans l'espoir qu'elle soit ramassée puis connectée. Cela permet ensuite de récupérer les données du réseau ainsi pénétré. A cela s'ajoutent toutes les techniques de Hacking et d'intrusion logicielle. Bien que l'on retrouve aussi certaines de ces techniques en matière de viol de la vie privée par voie électronique (ci-après), ces risques de fuites ont fait naître un nouveau métier de spécialiste de la sécurité industrielle et commerciale, y compris au sein de la gendarmerie et de la police qui disposent, notamment, de cellules spécialisées dans l'intelligence économique et d'une brigade centrale pour la répression des contrefaçons industrielles et artistiques.
- Enfin, plus encore, il y a les risques de fuites par l'exploitation malveillante du manque de précautions de la part de l'entreprise et de son personnel. Comme le souligne un spécialiste, l'information stratégique filtre sans que l'on en prenne conscience et peut être interceptée par la concurrence. Hors des locaux de l'entreprise il faut tenir sa langue, masquer ses documents, utiliser des écouteur pour travailler sur un enregistrement ou baisser la luminosité de son écran d'ordinateur, par exemple dans le train ou au restaurant; se méfier des imposteurs lors d'un salon ou d'un séminaire ; et sanctuariser ses données face au risque informatique, notamment les intrusions sans fil.
Les fuites à partir de l'entreprise- Les fuites peuvent aussi résulter du cas plus banal du départ d'un employé s'en allant avec un savoir-faire spécifique ou un processus acquis dans l'entreprise (malgré les clauses de non concurrence). Même si dans la majorité des cas, ceci est à resituer dans le cadre de l'expérience engrangé par l'agent, et n'est pas nécessairement délictuel, il n'en s'agit pas moins d'une fuite d'information, parfois irremplaçable quand seul cet agent avait acquit cette compétence particulière.
- Parfois, cependant, il peut également y avoir atteinte à la propriété intellectuelle de l'entreprise, par exemple, lorsqu'un employé part avec un fichier client qu'il a pourtant lui-même monté (qui, en France, demeure néanmoins la propriété de l'entreprise), ou s'envoie via internet, dans sa boite mail personnelle, un document de travail quelconque (même remarque). À ce propos, il est pourtant à noter, que selon les spécialistes, la plupart des fuites d’informations en entreprise par voie numérique, résultent de simples erreurs et d'imprudences de la part des collaborateurs. Ces fuites peuvent cependant occasionner aussi un préjudice aux clients de l'entreprise, raison pour laquelle, aux États-Unis, une loi existe qui oblige les entreprises à prévenir leurs clients si elles ont été victimes d’une fuite d’informations.
- Enfin, les entreprises et les professionnels peuvent, comme les particuliers, être l'objet de perquisitions (voir ci-dessous). Certaines professions libérales bénéficient toutefois, en France notamment, de garanties supplémentaires, comme c'est le cas des avocats, des médecins, des notaires et des huissiers. La perquisition de leurs locaux professionnels nécessite la présence d'un Magistrat et d'un membre de l’ordre concerné et ceci, dans le strict respect de la protection du secret professionnel (voir ci-dessous). Idem pour les entreprises de presse où la présence d'un magistrat doit garantir que les investigations conduites ne portent pas atteinte au libre exercice de la profession de journaliste, ni ne ralentissent ou n'interdisent la parution.
Les fuites sur les parachutes dorés des grands patronsContrairement au monde anglo-saxon, en France, les éléments de rémunération et les salaires des dirigeants des grandes entreprises sont un sujet tabou, bien que les rémunérations des patrons du CAC 40 soient publiées. Ainsi, notamment depuis les révélations du Point et du Monde en 2000 sur les conditions financières généreuses du départ forcé de Philippe Jaffré de chez ELF Aquitaine, l'attention du public français est constamment alimentée par des fuites sur les parachutes dorés, jugés scandaleux, dont bénéficient quelques grands dirigeants et notamment le montant de leurs stock-options. Cas par exemple de Jean-Marie Messier en 2003 lorsqu'il fut contraint de démissionner de Vivendi. Idem en 2005 du départ en retraite de Daniel Bernard, PDG de Carrefour, ou en 2006 s'agissant des indemnités de départ de Noël Forgeard, coprésident du géant aéronautique EADS, etc. Ces fuites, et les polémiques qui s'en suivirent, ont même amené l'un d'entre eux, Pierre Bilger, l'ex-patron d' Alstom, a rendre ses indemnités de départ en 2003 . Mais c'est encore grâce aux fuites que l'on sait que le problème demeure en France en 2008. Les fuites de matière grise On peut aussi évoquer ce que l'on nome en France la Fuite des cerveaux s'agissant des élites qui s'en vont exporter leur savoir à l'étranger (divulgation du savoir national et déperdition de l'information générale du pays), soit parce qu'ils sont mis à la retraite d'office en vertu de règles trop rigides, comme pour le professeur Luc Montagnier, soit qu'ils s'en vont rechercher des conditions de rémunération plus décentes. Cette fuite est également observable dans les pays en développement, notamment en Afrique. Les pays riches favorisent ce mouvement. Ainsi, les politiques dites "d' Immigration choisie", calquées sur le modèle nord-américain, ayant cours dans certains pays européens ( Allemagne, France, etc.) ont bien pour effet notamment d'attirer dans ces pays les étrangers les plus qualifiés. Les fuites technologiques- On peut également considérer comme une fuite d'information les transferts de technologie inopinés. Il ne s'agit pas de ceux qui résultent légitimement de la vente clef en main d'une Usine, avec formation desingénieurs du pays, et qui sont l'objet même d'un contrat. Il s'agit plutôt de ceux qui suivent parfois la commercialisation des produits et la Sous-traitance à l'export, qui sont l'occasion pour les pays émergents de s'accaparer les connaissances techniques en copiant les produits, avant de développer eux-même des industries de pointe venant concurrencer celles des pays industrialisés. Ce fut le cas par le passé du Japon et des pays de l'est. C'est en ce début de XXIe siècle le cas des pays asiatiques, surtout de la Chine et de l'Inde, où la protection des brevets est quasi inopérante.
- Plus pernicieuses sont les fuites de savoir faire consécutives à la reprise préméditée d'une entreprise par un groupe généralement étranger qui, avant de liquider ou délocaliser la dite entreprise, s'approprie tous les process et la clientèle de celle-ci.
- On craint aussi une fuite de technologie lors de la vente du Nucléaire civil, qui peut être un apprentissage du nucléaire militaire pour des pays qualifiés de "pays-voyous" par l'administration américaine.
Les fuites marketing- Ces fuites, généralement publiées dans la presse, sont par exemple destinées à faire connaître en avant première au public la sortie d'un nouveau produit. Ainsi la sortie d'un nouveau modèle automobile fait-elle souvent l'objet de ce genre de fuites (exemple français de la nouvelle Laguna III de Renault), tout comme l'éventualité des dernières évolutions d'un produit, en particulier dans le multimédia. On pense, par exemple, aux spéculations qui entourent la sortie des nouveaux produits de la firme américaine Apple et aux fuites réelles ou supposées dont font état les sites de rumeurs spécialisés à son propos. Cela peut parfois donner lieu à des poursuites à l'encontre d'employés ayant manqué à leur devoir de confidentialité, notamment lorsque ces derniers s'étaient engagés à s'y soumettre, voire même à l'encontre de distributeurs trop bavards ou des médias s'étant fait l'écho de fuites, comme des sites internet de rumeurs et de news informatiques.
- Par ailleurs, la sortie d'un prochain livre peut aussi faire l'objet de fuites, parfois réprimées, comme en témoignent les prémices de la publication des derniers titres d'Harry Potter (acheteurs canadiens interdits de lire le livre vendu par erreur avant l'heure, publication sur internet d'une version traduite en français avant la publication en France) ou celle de certains livres politiques dont les principaux passages sont publiés avant leur sortie, pas toujours avec l'accord de l'éditeur ou de l'auteur.
Les fuites consécutives au piratageLe piratage musical ou cinématographique et autres (vidéos), est en soi une fuite d'information frauduleuse, violant la propriété intellectuelle, susceptible de mettre en cause la survie de tout un secteur commercial et artistique. En particulier, cela concerne le débat autour du téléchargement P2P, ou celui concernant les DRM censés protéger de toute copie illicite, mais aussi celui autour de tous les sites hébergeant ou diffusant gratuitement de la vidéo comme YouTube, par exemple, parfois jugés responsables ou complices de cette évasion. Les fuites en matière de sécurité-défenseEn France, comme dans de nombreux pays, la défense couvre le vaste champ du militaire, du civil et de l'économique, auxquels est venu s'adjoindre le champ culturel, ce qui multiplie les domaines sensibles qui sont autant de risques de fuites de toute nature. Des mécanismes de protection sont prévus mais toutes les informations sensibles ne bénéficient pas ou ne méritent pas une protection renforcée. En revanche, dans beaucoup de pays, y compris en France, la notion de " Secret d'État" est étendue à nombre d'informations pour bloquer certaines investigations jugées gênantes pour le pouvoir en place ou empêcher toute fuite politique (voir ci-après). Par ailleurs, ici plus que dans tout autre domaine, l'informatique est un risque de fuite supplémentaire, en pleine mutation. Une protection fragile tournée aussi vers l'exploitation de fuites- La sécurité d'un pays est globalement organisée pour protéger les informations sensibles et empêcher leur fuite : Sûreté générale, classification de certaines informations, droit d'accès, habilitation, classification et protection de points sensibles (lieux ou équipements stratégiques), etc. Cependant, aucun système n'est infaillible et les failles permettent parfois l'intrusion et les fuites, sans compter le relâchement et la négligence que peut connaître le système lui-même.
- A l'inverse, les nombreux services spécialisés de l'État, en France comme ailleurs, qui sont chargés de la sûreté du pays et du Contre-espionnage, sont aussi dédiés, plus ou moins, au recueil du renseignement, c'est-à-dire à profiter, parfois en marge de la légalité, de toutes les failles sécuritaires et fuites d'information, de quelque nature et de quelque origine qu'elles soient (ROHUM, ROSO, ROEM ou ROIM).
- Les méthodes pour y arriver sont diverses mais elles sont nettement répréhensibles, et cela finit toujours par filtrer, lorsque certains de ces services, ou l'armée, recourent à la torture humaine ou à des moyens dégradants, comme ce fut le cas, par exemple, derrière le Rideau de fer à l'époque de la Guerre froide dans les années 1950-1970, voire même de la part de certaines démocraties dans leurs luttes coloniales ou anti-terroristes récentes. Il y a aussi l'usage de substances psychotropes (Sérum de vérité) pour soutirer de l'information aux prisonniers de guerre ou aux personnes interrogées par la police ou les services spéciaux de certains pays peu respectueux des Droits de l'homme. L'utilisation d'un satellite ou d'un avion espion pour recueillir de l'information stratégique de terrain est tout autant illicite mais plus banale. En outre, et à cette fin, des avions comme le célèbre F-117 américain sont spécialement profilés pour être furtifs, c'est-à-dire avoir le moins de fuites aérodynamiques possibles pour ne pas être détectés. Il en est de même de certains navires de guerre et sous-marins. Enfin, certains pays, comme les États-Unis, ont de "grandes oreilles" (ensemble des technologies de captation et d'espionnage à distance) qui leur donnent des capacités d'écoute et de pistage au niveau planétaire. En France, en dehors de ces moyens, les écoutes téléphoniques, dites "administratives" (par opposition aux écoutes judiciaires) peuvent être ordonnées légalement en temps de paix, par le Premier ministre, notamment en cas d'affaires intéressant la sûreté de l'Etat, la Défense nationale ou la sauvegarde du potentiel économique ou scientifique de la nation. Ces écoutes qui génèrent des fuites d'intimité sont courantes et réglementées dans toutes les démocraties.
Les fuites concernant les dirigeants et chefs d'Etat- Le pouvoir politique pose également des problèmes de sécurité. Ainsi les déplacements et la présence d'un Chef d'État ou d'un haut dignitaire en zone d'insécurité ne sont jamais annoncés à l'avance, de même que, d'une manière générale, les trajets empruntés et les dispositions prises pour ce faire. En dehors de l'espionnage classique, il arrive cependant que des fuites administratives, relayées par les médias, se produisent et soient susceptibles de les mettre en danger. On peut citer à cet égard l'exemple du voyage effectué par le président français N. Sarkosy en Afghanistan fin 2007, celui de la présence sur ce même théâtre d'opérations du prince Harry d'Angleterre début 2008 ou celui de la logistique des déplacements du président américain Bush fin 2007.
- À l'inverse, il arrive que les dirigeants politiques, le cas échéant imprudents, ou à leur insu, puissent être à l'origine de fuites d'informations sensibles à cause de leurs fréquentations douteuses. On se souvient par exemple du scandale Profumo qui toucha l'Angleterre en 1963 ou de celui que déclencha l'affaire Günter Guillaume en Allemagne (RFA) dans les années 1970.
- Cependant, pour des raisons politiques, les détenteurs de secrets d'État peuvent parfois être complices d'une fuite comme le président américain Bush en a été accusé en 2006 pour soutenir sa décision de déclencher la guerre en Irak.
- Une erreur au plus haut niveau politique peut également être à l'origine de fuites mettant en péril l'un des dispositifs de sécurité du pays.
Les fuites de haute technologieL'exportation du matériel sensible, en particulier de l'armement, fait l'objet de procédures spécifiques en vue d'éviter la fuite de technologie inopportune. En dehors de l'aval des autorités du pays exportateur (en France, celui notamment de la Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériel de guerre), il faut respecter les accords internationaux de confidentialité qui obligent à demander l'autorisation du pays d'origine, dès lors qu'un armement contient dans son équipement un dispositif sensible d'origine étrangère (exemple de l'avion français Rafale). Le plus connu est l'accord américain ITAR (International Traffic in Arms Regulation). Ce dernier s'intéresse à la protection de tout le processus de commercialisation et de maintenance des équipements concernés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, certains armements sont parfois commercialisés dans une version simplifiée. La répression des fuites- La divulgation d'informations sensibles, qu'elles soient codifiées comme telles (cas des démocraties), ou non, donnent généralement lieu à des poursuites. En France, la divulgation d'information classifiées peut constituer, par exemple, un viol du secret défense et peut donner lieu, plus généralement, aux délits et crimes pour atteinte à la sécurité de l'État, notamment à l'encontre de ceux qui recherchent ou provoquent ces fuites, comme de ceux qui en sont la source, ainsi que de ceux qui les divulguent. En particuliers, les journalistes qui profitent de ces fuites en les publiant s'exposent à des poursuites, comme en témoigne la mise en examen du journaliste français Guillaume Dasquié en décembre 2007. On peut relever de telles poursuites dans d'autres démocraties, comme en Grande-Bretagne, en mars 2007, à la suite de la divulgation d'un mémo Blair-Bush classé "secret-personnel". Cependant, en démocratie, ces poursuites sont rares car le pouvoir, en France notamment, serait parfois lui-même à la source de ces fuites, par ailleurs souvent vénielles. Il monnayerait ainsi le suivisme journaliste à son profit en lachant quelques informations aux médias. Pour une part, c'est donc quand les fuites journalistiques n'entrent pas dans ce "deal" entre pouvoir et médias qu'elles font éventuellement l'objet de poursuites. Les militants écologistes sont tout autant exposés aux poursuites. Ainsi, en France, l'exemple du porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire qui s'est retrouvé en mars 2008 en garde à vue à la DST.
- Certaines fuites inopportunes et répréhensibles ne sont pas faciles à réprimer (faute d'en connaître l'origine ou parce qu'elles proviennent de l'étranger), comme les attaques informatiques envers les organismes de défense et de sécurité (Etat-major, ministère, police, etc.). A l'inverse, le caractère extensif de la notion d'atteinte à la sécurité de l'Etat permet dans certains pays de contrôler, sous ce motif, toute fuite en réalité purement politique.
- A noter qu'en cas de guerre, il est habituel, y compris dans les démocraties, de filtrer l'information, notamment en provenance du front (censure ou encadrement médiatique et censure du courrier, ce qui suppose son ouverture). De nos jours ces mesures ne sont pas toujours suffisantes pour éviter les fuites, ne serait-ce qu'en raison de la multiplication des moyens individuels de filmer ou photographier et des possibilités de diffusion, notamment numérique (internet, SMS, MMS).
Les fuites politiquesComme en matière de sécurité, les fuites d'information en Politique visent tout pareillement, dans certains cas, à donner au partenaire/adversaire l'avantage de connaître les stratégies de l'autre (on peut cependant dire la même chose en matière commerciale). Dans l'un et l'autre cas, elles peuvent changer la donne d'une négociation comme, en France, lors du projet de réforme de la carte judiciaire début 2008, contrecarrer une décision, comme celle d'une élection anticipée envisagée en Grande-Bretagne en 2006, ou compromettre l'application sereine d'une mesure, comme une dévaluation monétaire ou une volonté de réforme. En politique, s'y ajoute une volonté contemporaine de démystifier le pouvoir et d'exiger son exemplarité. Cela pousse à découvrir ses faces cachées et à profiter de la moindre fuite. Mais on y trouve aussi, parfois en France, mais surtout dans les régimes autoritaires, une même volonté d'ériger certaines informations en secret d'État. L'exploitation des confidences et le "off" journalistiqueEn politique, la fuite d'information n'est pas punissable en soi, dans une démocratie, si elle est seulement politique. C'est en particulier tout le domaine des confidences, volontaires ou non, exploité par les médias. On y trouve la notion de voix "off", c'est-à-dire, une sorte de contrat implicite entre journalistes et hommes politiques, censé permettre la libre parole des politiques dont tirent profit les journalistes pour leur compréhension personnelle, sans que ces derniers ne s'autorisent à en rendre compte. Ce qui n'est pas toujours respecté ! Gare aussi aux caméras, aux micros qui traînent, à l'insu de l'homme politique, ou aux documents préparatoires mal rangés. Certains journaux sont friands des fuites comme, en France, le Canard enchaîné, par exemple, et le journalisme d'investigation s'en nourri. Mais la politique est un terrain d'intoxication réciproque. Ainsi, l'homme politique peut volontairement entretenir l'ambiguïté afin de laisser publier à dessein une information, qu'il démentira ensuite pour se dédouaner. Les fuites plus ou moins orchestrées- La fuite peut d'ailleurs s'avérer orchestrée, avec l'autorisation plus ou moins explicite de l'intéressé. Voir par exemple, en France, les photos de Mazarine publiées dans le magazine Paris Match en 1994, après plusieurs années de silence d'État, organisé par son père, le président François Mitterrand lui-même, avec la complicité implicite de la presse. C'est cependant cette dernière qui, en 2005, révélera d'elle-même l'existence du fils naturel du Prince Albert de Monaco qui, une fois son accession au trône faite, et s'attendant à d'autres fuites, pris les devants en 2007 pour officialiser une nouvelle paternité. La publication de livres de confidences politiques participent également de ces fuites plus ou moins organisées. Ainsi, l'ouvrage Verbatim publié en France par Jacques Attali (entre 1986 et 1998), censé rendre compte de ses échanges confidentiels avec le même président Mitterrand, par ailleurs obsédé à forger sa postérité, ou celui de Françoise Giroud, témoignant en 1979 de ce qui se passe en France lors d'un conseil des ministres sous la présidence de Valery Giscard d'Estaing alors que l'intéressé affichait vouloir désacraliser et dépoussiérer le pouvoir. Cet ouvrage en particulier ouvrit la brèche des confidences sur les coulisses du pouvoir, dont profitèrent ensuite un certain nombre d'anciens ministres français ou collaborateurs amers, non sans arrières pensées politiques, en général. Mais il peut s'agir aussi de manoeuvres politiques, telles les fuites, avérées ou non, concernant un remaniement ministériel, ou celles qui constituent un ballon d'essai pour connaître l'impact que pourrait avoir une réforme envisagée.
- En décembre 2007, le président de la République française Sarkozy s'est volontairement affiché avec sa future épouse, Carla Bruni, laissant les paparazzis travailler, au motif d'éviter les fuites inopportunes, inévitables selon lui, en raison de la pression médiatique qui s'exerce sur sa vie privée, et pour ne pas faire preuve de la même hypocrisie que ses prédécesseurs. Il est vrai que les fuites concernant ses déboires conjugaux avaient précédemment largement alimenté les médias, faisant cependant écho à la manière dont on pouvait juger qu'il avait lui-même instrumentalisé sa famille auparavant. Il ne serait cependant pas le premier. Ainsi en fut-il, déjà en France, du candidat à la présidence de la République Jean Lecanuet qui en 1965 se servit de sa famille dans sa campagne et pour ses affiches, et de tous ceux qui l'on imité ensuite, dans un climat de connivence avec les média ; à l'encontre d'une pratique anglo-saxonne, nettement plus irrévérencieuse à l'égard de ce genre de fuites généralement exploitées sans concession, même si tout le monde se souvient aussi de la célèbre photo de John-John, s’amusant en 1963 sous le bureau de son père, John Kennedy, alors président des Etats-Unis.
Les fuites sur le fonctionnement des institutions dirigeantesRégulièrement des confidences nous livrent ce qui se passe dans les arcanes du pouvoir, le secret des délibération de certaines institutions et démystifient ainsi certaines décisions ou nominations à des postes importants, etc. On peut à ce propos évoquer l'exemple d'une fuite célèbre ayant violé le secret du Conclave au cours duquel le Pape Benoît XVI a été élu. Ainsi, en septembre 2005, la revue de géopolitique italienne Limes a publié un texte présenté comme le Journal du conclave d'un cardinal ayant pris part au vote. Les fuites concernant le train de vie des hommes politiquesParticulièrement en France, depuis les lois pour la transparence financière de la vie politique, les candidats aux élections et les membres du Gouvernement, notamment, sont contraints de ne pas faire mystère de leur fortune en déclarant la totalité de leur patrimoine mobilier et immobilier et, le cas échéant, également après la fin de leur fonctions, afin de démontrer qu'il n'y a pas enrichissement personnel. Néanmoins, les avantages divers dont peuvent bénéficier les dirigeants politiques et leur entourage, comme un cadeau somptueux, un logement privilégié ou un prêt avantageux, etc., sont traqués par les journalistes et finissent souvent par faire l'objet de fuites. Les fuites politiques délictuelles - Même dans les régimes démocratiques, la fuite d'information politique peut être délictuelle, notamment en cas de fuite organisée, lorsqu'elle est faite dans l'intention de nuire, s'avère fausse et qu'elle porte préjudice à autrui, comme en 2004/2007, en France, dans l'affaire Clearstream 2 (délation et diffamation). Par ailleurs, certaines informations politiques, comme la santé du président de la République française, érigée elle aussi en véritable secret d'État, restent en France encore couvertes par le secret professionnel, y compris lorsque l'intéressé feint d'afficher la transparence à ce propos (exemple des poursuites engagées consécutivement aux révélations du docteur Claude Gubler publiées en France, en 1996, concernant l'évolution réelle du cancer du président de la République française Mitterrand). On est cependant proche ici de la répression d'une fuite ordinaire de la vie privée à laquelle ont droit par ailleurs les hommes politiques, tant pour interdire l'utilisation de leur image dans des publicités, que pour éviter toute intervention mensongère dans leur vie affective, d'autant que toute transgression en ce domaine est susceptible d'atteindre la fonction ou de se répercuter sur leur image politique.
- Mais il y a surtout le cas de certains régimes autoritaires où l'on considère le fait d'informer comme une fuite politique potentiellement néfaste. A ce titre, pour que rien ne filtre des événements internes, considérés comme politiques (au sens large), on réprime leur diffusion sur internet comme de la cyber-délinquance, par exemple en Chine ou en Corée du Nord. Comme relevé précédemment, certains de ces pays utilisent volontiers également la notion de secret d'Etat, mais aussi tout l'arsenal pénal, pour limiter les fuites d'information sur la nature de leur régime ou ses difficultés. Les accusation d'atteinte à la sécurité de l'Etat, de désobéissance à l’autorité de l’Etat ou d’incitation à la révolte, etc., pèsent alors sur les dissidents et les journalistes contrevenants. C'est la raison pour laquelle une communauté d'internautes a développé, à partir de fin 2006, le site Wikileaks, annoncé sur la partie francophone comme "une version non censurable de Wikipédia" (bien que n'ayant aucun lien avec) afin de donner une audience planétaire aux fuites d'information en provenance "des régimes d'oppression en Asie, l'ancien bloc soviétique, l'Afrique sub-saharienne et le Moyen Orient", tout en sécurisant leurs sources, pour qu'il n'y ait pas de fuite sur leur auteur.
- En revanche, la fuite d'information en matière politique peut parfois elle-même servir de révélateur à des délits, comme en témoigne l'affaire du Watergate dans les années 1970 aux États-Unis ou en France l'affaire Dumas-Deviers-Joncour en 1997.
Les fuites en matière de vie privéeLa divulgation de certaines informations personnelles peut constituer le délit d'atteinte à la Vie privée et causer un grave préjudice dans la vie sociale, affective ou professionnelle. En France, le droit en vigueur est un des plus protecteur au monde. Au titre de l'article 9 du Code civil français, qu'interprète largement la Jurisprudence, sont protégés, par exemple, l'image, la Voix, l'état de Santé (y compris le fait d'être enceinte), le Domicile, la Correspondance et la Vie sentimentale. En dehors des législations nationales propres à chaque pays, il faut se référer, au plan européen, à l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme et au niveau international, à l'article 12 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Jusqu'ici, les atteintes à la vie privée concernait surtout les médias, notamment la presse people avec le phénomène des paparazzis et, subsidiairement, la vie professionnelle (notamment au moment du Recrutement) et les rapports avec l'Administration; plus rarement les relations entre particuliers. Aujourd'hui, il faut y ajouter le vaste domaine Numérique avec le développement du Fichage, du pistage et du Contrôle sociétal. L'indiscrétion des particuliers a augmenté d'autant, notamment avec le phénomène des hackers. Les fuites d'intimitéLe viol de la correspondance privéeLes fuites d' Intimité peuvent notamment passer par le viol de la Correspondance privée. Le secret de la correspondance est pourtant protégée dans pratiquement tous les pays. En France, sont ainsi punis, l'ouverture ou la destruction de correspondances, le fait de la retarder ou de la détourner, ou d'en prendre frauduleusement connaissance. Cela vaut pour tous types de correspondance (papier, communication ou courriel) ainsi que pour l'installation d'appareils conçus pour réaliser leur interception. Cependant, cela ne dissuade pas toujours l'indiscrétion d'un amoureux éconduit ou celle des conjoints divorcés qui emportent la correspondance de leur ex, celle d'un voisin jaloux, celle d'un enfant facétieux ou celle d'un collègue indélicat, etc. La divulgation du contenu est évidemment prohibée et peut donner lieu à de multiples fuites concernant la vie privée, en matière affective ou concernant la santé, etc. A noter qu'il semble que cette protection s'étende même aux enfants à l'encontre de leurs parents qui ont pourtant un devoir de surveillance à leur égard. En France, dérogent à cette protection générale quelques cas légaux comme les écoutes téléphoniques autorisées (administratives ou judiciaires) ou l'ouverture de la correspondance en milieu carcéral, de la part de l'administration pénitentiaire, outre les pratiques beaucoup plus intrusives en cas de crise grave ou de guerre. Le viol de l'intimité physique- Dans nos sociétés civilisées fortement imprégnées du Tabou de la Nudité, il n'est sans doute pas pire fuite d'information privée que celle d'exposer à son insu ou contre son gré, tout ou partie de son intimité physique à autrui, en dehors des cas volontaires, par profession (stripteaseuse par exemple) ou par conviction (naturiste). A ce titre, pratiquement dans tous les pays mais de manière inégale, sont réprimés le voyeurisme, tous les gestes déplacés sur le corps manifestant un harcèlement sexuel ou un comportement impudique et surtout, le Viol. La diffusion, hors du consentement des personnes concernées, de photos ou de films intimes, voire d'oeuvres artistiques suggestives dont le sujet est reconnaissable, est également répréhensible. Hors ces hypothèses, leur libre diffusion reste de toutes façons bornée par le respect général du droit à l'image, par ailleurs assez mal respecté sur internet, de nos jours (voir ci-dessous).
- Une difficulté peut survenir lors d'examens ou d'actes médicaux, en cabinet ou en milieu hospitalier, où l'intimité des personnes n'est pas toujours préservée. Cela peut être encore plus problématique sous le prétexte religieux, par exemple pour certaines femmes qui refusent pour ce motif d'être examinées par des hommes. Le sort du cadavre et de son intimité, dans les services ou à la morgue peut aussi être problématique.
- Suivant les époques et les cultures, apercevoir certaines parties du corps constitue une impudeur et un viol de l'intimité, hier une cheville découverte ou les cheveux d'une nonne, aujourd'hui ceux de certaines musulmanes voilées, par exemple. En Occident, cet acte, en quelque sorte passif, n'est toutefois pas répréhensible légalement, bien qu'il le soit socialement dans certaines communautés, non pas pour le voyeur, mais à l'encontre de celle qui ne se couvre pas.
La pénétration du domicile- L'intrusion au domicile d'autrui occasionne des fuites multiples d'intimité que beaucoup de pays et particulièrement la loi française protège de diverses manières (répression de la violation de domicile par quiconque ou un agent public, répression du bris de clôture et du vol avec effraction, pour laquelle l'utilisation d'un clef volée ou copiée est une circonstance aggravante, etc.). Toutefois, certaines administrations ont un droit de Perquisition sous certaines conditions (perquisitions fiscales ou douanières, perquisitions judiciaires et perquisitions liées à un Flagrant délit dont la notion est, par ailleurs, assez large). En outre, un bailleur français peut, après en avoir averti son locataire, et dans les conditions du bail, entrer au domicile soit pour des visites en vue de louer ou vendre le Logement (au moins deux heures par jour ouvrable), soit pour entreprendre des travaux. De même, un huissier français peut, en vue d'effectuer une saisie mobilière, entrer au domicile d'un particulier pour faire un Inventaire préalable, puis la Saisie elle-même, voire, procéder à une expulsion, ou à un simple constat, mais uniquement en exécution d'une décision de justice. Enfin, en France, les agents des services administratifs ou fournisseurs d'énergie (agents recenseur, agents de l'EDF-GDF, eau, etc.) n'ont pas le droit de pénétrer au domicile sans y être invités. Toutefois, conformément aux obligations du contrat signé par l'abonné, les compteurs doivent être accessibles (relevés et vérifications techniques). Quant à la croyance populaire qui veut qu'en France le Véhicule soit assimilé au domicile et qu'il bénéficie, de ce fait, de la même protection, elle est aujourd'hui infondée pour l'essentiel. Par contre, si les perquisitions nocturnes sont interdites de 21 heures à 6 heures du matin, quelqu'un qui profitait d'une inondation ou d'un incendie, ou d'un cri ressemblant à un appel à l'aide, pour s'introduire de nuit au domicile d'autrui, pourrait se dédouaner en invoquant un texte datant de 1799, encore en vigueur ! En outre, l'état de nécessité fait loi.
- L'indiscrétion par la vue sur le domicile d'autrui peut être également à la source d'une fuite d'intimité. Raison pour laquelle, en France, toute Construction ou Ouverture offrant des vues sur la Propriété voisine doivent être édifiées à des distances minimales (servitude de vue) fixées par le code civil français, sachant que les règlements d'urbanisme français (notamment le PLU), imposent en général des distances plus importantes en vue droite (les plus intrusives).
Les fuites d'intimité à l'embauche- Contrairement aux États-Unis où cela est interdit, en France, il n'est pas illégal de demander l'âge d'un Candidat à l'embauche, ni même de lui demander une information, pourtant sans utilité pour le recrutement, qui est sa date de naissance. Or cela conduit souvent à des abus tels que l'établissement de profils astrologiques des candidats par certains cabinets. L'analyse graphologique est aussi pratiquée dans le même but de dresser un portrait psychologique du candidat.
- En revanche, en France comme dans un certain nombre de pays occidentaux, il est interdit de demander à un candidat son état de santé, ou sa volonté d'avoir des enfants, son projet de déménager ou autres informations du même type, ce qui est pourtant fréquent (soit au moment de l'embauche, soit après, notamment pendant la période d'essai).
Les fuites dans la vie numérique et technologiqueAperçu du dispositif français de protection contre les fuites informatiques- En France, la divulgation des informations sensibles et nominatives est théoriquement protégée de manière supplétive et spécifique, sur internet et pour tous fichiers informatisés qui les contiendraient, par la loi "Informatique et libertés" de 1978 qui érige la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) en gardienne du temple. Elle est aussi particulièrement vigilante en matière commerciale, pour la protection du Consommateur, malgré l'impossibilité d'appréhender les sites situés en dehors du territoire national et celle de vérifier le contenu des fichiers nominatifs qu'on lui déclare obligatoirement.
- Ajoutons qu'au titre de l’article 6.1.2 de la loi française sur la confiance dans l’économie numérique (LEN), il est possible d'interdire la diffusion de tout contenu juridiquement indésirable, par exemple des photos ou des vidéos indiscrètes, ou non, à tout site servant à leur hébergement.
- Toutefois le droit, notamment français, protège les internautes mêmes indélicats, souvent masqués par un pseudo anonyme, de toutes fuites d'informations privées. Ainsi, ni les webmestres, ni les hébergeurs, ne sont autorisés à fournir des renseignement nominatifs et individuels, autrement que sur injonction d'un Juge. Il faut donc saisir ce dernier pour obtenir l'identification de l'auteur, avant d'intenter une action contre lui.
L'imprudence est la première cause des fuite- Malgré des recommandations et des demandes d'explications aux sites concernés, aucun organe de régulation ni aucune législation, aussi contraignant qu'il soit, n'est susceptible de juguler les imprudences des internautes eux-mêmes qui n'hésitent pas à confier librement quantité d'informations confidentielles sur les forums, les blogs ou les sites communautaires comme Facebook, par exemple, qui peuvent cacher divers moyens intrusifs.
- En outre, les usagers des outils numériques n'ont pas toujours conscience que ces derniers communiquent à leur insu. Le Wifi, le Bluetooth, les connexions Internet dans les hôtels et les aéroports, les adresses IP, les mails et leurs destinataire, etc., trahissent l'activité de lhomme numérique qui organise lui-même la fuite de ses propres informations !
- Il existe d'ailleurs des sites spécialisés qui font commerce de ces fuites, tel le site américain "Intelius", dont l'activité est de dévoiler tous les éléments de la vie privée d'une personne.
Les risques de fuites par suite du fichage des données individuelles- Par ailleurs, en France, la Cnil connaît bien des difficultés à encadrer les traitements de données à caractère personnel du secteur public, par exemple, à l'occasion de la mise en place du principal fichier informatique de police judiciaire, le Système de traitement des infractions constatées (STIC) ou du fichage génétique, avec le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), qui peuvent donner lieu à des dérives (informations erronées, fuite d'information au profit de destinataires non habilités, homonymies, inversion, etc.). Le dossier est sensible, comme en témoigne l'émoi suscité en France en 2007 par les tests ADN prévus par la loi sur la maîtrise de l'immigration.
- En revanche, la Cnil intervient efficacement, si nécessaire, pour faire respecter le droit d'un abonné au téléphone que son numéro (voire son adresse postale) ne figure pas dans les annuaires ou qu'une recherche fondée sur ce seul critère n'aboutisse pas. Idem pour les adresses électroniques. De manière générale, elle garanti l'accès des personnes aux informations fichées les concernant (uniquement) et leur droit à rectification ou suppression. Tout autre accès serait une fuite illégale.
Les fuites consécutives au pistage électronique- Le pistage électronique est en soi une fuite organisée, que ce soit dans l'entreprise (surveillance du courrier électronique, des sites consultés, Biométrie, etc.), par l'internet commercial (surveillance des habitudes, récupération des données personnelles, exploitation des profils, etc.), par mobiles téléphoniques interposés (localisation, écoutes) ou dans tous les lieux où peut être enregistré le passage d'un individu (par exemple : détection de cartes d'accès, enregistrement à l'Aéroport, Péage d'Autoroute, cartes bancaires, etc.). Ici, le principe de la confidentialité et du respect de la vie privée des salariés, des internautes, des communicants ou autre, est loin d'être respecté.
- Toutefois, en France, la Cnil exerce un certain contrôle sur ce pistage que, par ailleurs, la Jurisprudence a tenté d'encadrer, en particulier s'agissant de la surveillance sur le lieu de travail : nécessité d'un avertissement préalable du personnel lorsque sont mis en place des dispositifs de contrôle, protection du secret de la correspondance électronique privée même en cas d'usage du matériel de l'entreprise pendant le travail, etc.
La fragilité des dispositifs de protection numériquesUne autre difficulté provient des fuites consécutives au déchiffrement d’un moyen de Cryptologie censé protéger la confidentialité d'une information qui, dès lors, devient accessible. Parfois c'est une fuite système qui donne elle-même la clef. On pense ici à la protection des données informatiques individuelles mais il y a aussi, par exemple, les attaques contre les dispositifs de sécurité électroniques et tous les problèmes liés à l'usage des cartes bancaires. Avec le "cassage" de code, les keyloggers (précités) et les divers moyens d'aspirer l'information par des processus d'intrusion (type XST, XSS, etc.,), c'est le terrain de prédilection des hackers, d'une certaine Délinquance (y compris celle des cambrioleurs) et de l'espionnage, visant aussi bien les particuliers que les entreprises, les universités ou les administrations, notamment (cf. supra), auxquels répondent de nouveaux métiers et nouveaux logiciels visant la sécurité informatique. La crainte d'un Big Brother généralisé- Enfin, on doit faire une place particulière à la fuite de l'information visuelle et sonore, que les moyens technologiques modernes permettent déjà de capter, à l'insu des personnes, parfois au plan planétaire, que ce soit à l'occasion de la multiplication des caméras de vidéo-surveillance dans tous les lieux privés et publics (avec parfois une retranscription sur internet), le développement des satellites d'observation terrestre (avec parfois une précision de l'ordre de la dizaine de centimètres permettant l'identification d'une plaque minéralogique), l'usage des micros-canons (qui appréhendent une conversation à grande distance, au travers vitres et murs), ou la généralisation de mouchards miniaturisés (systèmes d'écoutes, caméras ou Géolocalisation).
- Par ailleurs, de nouvelles technologies se font jour dans tous les domaines, qui peuvent être la source de fuites, sur le porteur, comme sur son environnement. Par exemple : la Télémédecine, notamment en matière radiologique, qui permet de sous-traiter un diagnostic à longue distance sans en contrôler pleinement l'accès à l'autre bout, ou les tissus intelligents que vont revêtir certains pompiers pour les localiser et communiquer sur divers informations physiologiques comme leur rythme cardiaque et leur température, ainsi que leurs mouvements et leur environnement, et qui, éventuellement liés à la biométrie et à la transmission vidéo miniaturisée, équiperont sans doute bien d'autres professionnels, ou autres, pour des usages divers dans le futur .
- Avec le pistage électronique, toutes ces technologies, et celles dont on pressent l'invention prochaine, sont à la source de la dénonciation d'un Big Brother généralisé que, par ailleurs, la lutte contre le Terrorisme serait susceptible de justifier, selon certains.
- A noter qu'en France, il est interdit de filmer l’entrée et l’intérieur des immeuble depuis une loi de 1995 sur la vidéo surveillance.
Les fuites dans les rapports avec les professionnels ou les administrationsLes limites du secret professionnel - Les informations personnelles connues en raison de la profession de leur détenteurs sont également protégées par le secret professionnel. En France, cela concerne notamment les avocats, médecins et professions paramédicales, notaires et expert-comptables, ministres du culte, banquiers, fonctionnaires, parlementaires, etc. S'agissant des détectives privés (ou agents de recherche privés et agents assimilés, comme l'enquêteur d'assurances), observons que leur métier consiste, en quelque sorte, à exploiter, voire à provoquer des fuites d'information. Mais, en France et dans d'autres pays notamment européens, la discrétion qui caractérise leur travail s'explique aussi par le fait qu'ils sont soumis juridiquement au même respect de la vie privée que n'importe quel citoyen qui, lui-même, ne pourrait pas jouer au détective pour quelque obscure raison personnelle sans risques (atteinte à la vie privée, harcèlement, etc.). La marge de manoeuvre du détective est donc étroite, bien que la législation française leur reconnaisse explicitement la possibilité de recueillir "du renseignement destinés à des tiers" et qu'une loi du 23 janvier 2006 renforce les conditions de leur Agrément à raison même des données sensibles qu'ils peuvent détenir. Ainsi sont-ils tout pareillement liés en France, dans une bonne partie de l'Europe et au Canada, par le secret professionnel à l'égard de leurs clients et, en France au moins, par un devoir de réserve déontologique à l'égard des informations qu'ils obtiennent.
- La divulgation par ces professionnels d'informations couvertes par le secret professionnel, en dehors de larges exceptions légales prévue en France (par exemple, le témoignage en justice, la maltraitance sur mineurs ou personnes fragiles, le recel de criminel, etc.), est un délit, en France et dans beaucoup de pays. Cependant, un médecin qui établi un certificat médical, contenant des informations confidentielles sur la santé de son patient, ne viole pas pour autant le secret, dès lors qu'il le délivre à ce dernier, à charge pour le dit patient de le transmettre "librement " à qui le lui demande, même s'il est souvent contraint de le faire en pratique ! À noter, le cas particulier des avocats français qui se voient parfois condamnés, d'une façon qui peut surprendre, pour atteinte au secret professionnel par la voie de l'atteinte au secret de l'instruction.
- Toutefois, existe notamment en France une autre exception légale au secret professionnel, s'agissant du Blanchiment d'argent. Les professions concernées (juridiques et financières notamment) sont tenues de déclarer de simples soupçons, qui plus est, sans en informer leurs clients, au Tracfin. De tels dispositifs existent d'ailleurs au plan international avec le Groupe d'action financière (GAFI), par exemple. Cette fuite en forme de dénonciation est confidentielle mais les professionnels concernés craignent eux-mêmes les fuites et les avocats, notamment, la contestaient. Le conseil d'Etat leur a donné raison. En revanche, personne ne conteste l'accès direct aux informations bancaires qu'ont certaines administrations françaises et la justice pénale.
Les fuites en matière pénale- La connaissance des infractions sanctionnées par des condamnations relatives à un individu, au travers la divulgation de son casier judiciaire est, en France, réglementée et limité dans son contenu. Toute fuite d'informations non divulguables serait un délit. Les bulletins n° 1 et 2 sont respectivement réservés aux juridictions et aux administrations. Le bulletin n° 3 où ne figure que les condamnations les plus lourdes n'est transmis qu'aux intéressés eux-mêmes, à charge pour ces derniers de le communiquer chaque fois que cela est exigé dans leurs relations commerciales, professionnelles ou administratives, ce qui est fréquent !
- En outre, dans aucun pays, la publicité d'un Procès et de ses débats n'est prohibée, si ce n'est par la procédure du huis-clos qui vient en limiter les effets, le cas échéant. En France, le huis-clos est obligatoire lorsqu'un mineur est en cause. Dans certains pays, les procès sont même parfois filmés. Tel est le cas en France pour les procès historiques (procès Klaus Barbie et Papon, par exemple) ou exceptionnellement en cas d'accord conjoint du Tribunal et des parties; en pratique, pour les besoins de certains reportages ou documentaires télévisuels.
Les fuites en matière administrative- La communication des documents visant un administré français ne peut être obtenue que par ce dernier. En France, la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada) aide les administrés à faire respecter leur droit d'accès. En revanche, la divulgation de ces informations individuelles en dehors de la sphère administrative, par l'administration, ou l'un de ses agents, est punissable, tout comme leur utilisation pour un autre usage. Le problème s'est cependant posé en France avec une acuité particulière pour les enfants nés sous X ou adoptés. A certaines conditions, l'administration peut désormais lever le secret sur les origines de l'enfant. Mais les fuites administratives peuvent également être causées par une erreur, un accident ou la perte.
- On peut signaler également que dès lors qu'y sont examinés des situations individuelles, les séances des conseils délibératifs des collectivités territoriales françaises (par exemple une séance du conseil municipal) sont, en principe, frappées du huis-clos pour cause de confidentialité, contrairement à la règle qui veut qu'elles soient publiques. Le non respect de cette précaution peut motiver un contentieux.
- En revanche, un extrait d’acte d’état-civil français, révélateur également de la situation matrimoniale (Mariage, Divorce, Pacs), peut être communiqué à toute personne, par la commune de naissance de l'intéressé. De même que la situation patrimoniale d'un individu, dont la divulgation publique n'est pas répréhensible en France (sous réserve du respect du secret professionnel toutefois), peut être connue au travers de multiples formes de publicité administrative légale (Cadastre, Vente immobilière, hypothèques, etc.). Il y a enfin les recensements, notamment celui dit "de population", qui, en France, donne lieu à remplir obligatoirement un document nominatif comportant certains renseignements très personnels (état civil, niveau d'étude, données professionnelles, composition de la famille, conditions implicites de vie, etc.). Théoriquement, les communes qui procèdent aux opérations de recensement et l'INSEE à qui elles sont destinées doivent en assurer la confidentialité sous le contrôle notamment de la CNIL. Les agents recenseurs sont astreints aux mêmes obligations et sont assermentés, mais ils doivent être recrutés en masse pour ce travail saisonnier par chaque commune, ce qui peut laisser craindre quelques écarts. En outre, certains d'entre eux dénoncent parfois les agissements de leurs communes qui, théoriquement, n'ont pas le droit d'en profiter pour procéder à d'autre recensements ou pour compléter leurs propres informations. Par contre, les collectes de données en vue de statistiques ethniques ou confessionnelles, envisagées en France en 2007, ont été déclarées inconstitutionnelles alors qu'elles sont parfaitement admises dans d'autres pays (Canada, Australie, notamment).
Réflexions sur la mécanique des fuitesLe Phénomène des fuites d'information apparaît comme l'un des multiples mécanismes qui animent avec constance notre vie moderne, publique et privée, notamment, et principalement, via les médias qui sont à la fois acteurs et vecteurs en ce domaine. A y regarder de plus près, il est, à ce titre, révélateur du fonctionnement d'une Nation, de son Système juridique, institutionnel et politique et, peut être, de ses valeurs. Or, si ce n'est par le biais de l'étude des techniques de désinformation ou par des analyses juridiques très ciblées, ce phénomène général de société ne semble pas faire globalement l'objet de l'attention des chercheurs. D'où l'intérêt des quelques pistes qui suivent. La fuite d'information, une mécanique politiqueL'existence des fuites d'information est paradoxale dans une société où le droit protège des fuites, notamment dans la vie privée et la vie administrative, tout en promouvant une certaine transparence (cf. infra) qui semble servir ensuite de prétexte à violer le droit, en organisant, ou en laissant perdurer, un système bien rodé de fuites dont on peut se demander s'il n'est pas nécessaire à la Régulation de notre Système d'échange de l'information et à l'exercice du Pouvoir. Il paraît en tout cas inhérent et naturel à notre société. En ce sens, la thèse de Bernard Dugué qui analyse notre système politico-institutionnel en le comparant à une tuyauterie, plus précisément à une Plomberie, à la fois commandée par un Robinet apparent, selon, ouvert ou fermé et, parallèlement, par un écoulement organisé de fuites, qui vient sans doute modifier autant le quantitatif que le qualitatif. Dans notre société, et tel que l'État est censé fonctionner, les fuites d'information devraient être l'exception, remarque t-il, en vertu d'une législation censée protéger les personnes (voir plus haut), alors qu’en matière d’administration et de services publics, le devoir de réserve et le secret professionnel, ainsi que le cloisonnement, limitent drastiquement la divulgation d’informations sensibles, au moins dans les médias. En cette matière, le robinet est donc fermé. Cependant, d'autres textes garantissent l'accès aux sources (accès aux documents administratifs, procès verbaux, délibérations, publications officielles et légales, etc.) et la transparence de la vie publique. On est au contraire, ici, dans une situation où le robinet est ouvert. Le mécanisme binaire du robinet offre donc le flux strictement nécessaire à la transparence et semble assurer le bon fonctionnement et la régulation de l'Etat, même si le devoir de réserve est déjà en soi une source d'opacité anachronique : quant aux dysfonctionnements, ainsi mal répertoriés, que peut connaître l'institution; quant à l'esprit des politiques qui animent le fonctionnement des services publics, que le public mériterait de connaître. Dans un tel contexte, les très nombreuses fuites d'information, à tous propos, et la persistance du phénomène, apparaissent comme un dysfonctionnement qui, au contraire de ce qui se passerait en matière de plomberie, ne semble pas réellement troubler le système institutionnel en profondeur. C'est que, selon B. Dugué, les fuites sont délibérées, ce qui laisse présager une utilité ou un intérêt pour ceux qui les organisent ou laissent faire : - "La mécanique des fuites s’effectue contre les règles de l’Etat de droit, à la discrétion d’individus ou d’autorités croyant servir l’intérêt public dans le meilleur dans cas, ou leurs propres intérêts, ce qui traduit des dérives bien connues, jeux de pouvoirs, d’influences, parfois à la limite de la perversion. L’intention est de mobiliser l’attention du public et ce but est atteint si les relais fonctionnent correctement. Sur ce point, on peut faire confiance à la docilité des médias, au suivisme des journalistes qui réagissent sans aucun filtre déontologique, mécaniquement, pour ainsi dire".
Néanmoins, il est permis de se demander si les fuites ne sont pas une Soupape et un élément de souplesse nécessaires pour plus de transparence et plus de démocratie. Ou bien, introduisent-elles en définitive plus d'opacité : de par les ressorts et les stratégies qui les sous-tendent ?; de par la sélectivité et la hiérarchisation implicite des informations qui filtrent à dessein ? Pour B. Dugué, en effet : - "Rien de tel que de faire croire à la transparence pour se dissimuler, divulguer quelques miettes sans importance afin de cacher les jeux d’initiés et autres intrigues de palais, ainsi que les pratiques des décideurs".
Avec fatalisme, B. Dugué conclue cependant que le mécanisme des fuites est devenu un élément incontournables de la vie publique : - "Les fuites (sont) pour ainsi dire naturelles, sortes de produits dérivés des sociétés complexes, au même titre que les publicités que l’on reçoit dans sa boîte aux lettres".
La fuite d'information, une mécanique sociétalePour une grande part, les fuites d'information les plus visibles que nous connaissons actuellement sont faites sous couvert de l'argument de la transparence et sont, pour certaines, accélérées et amplifiées par la dérive "people" de notre société. L'argument de la transparenceLa transparence intrinsèque au systèmeLa fuite d'information dans notre quotidien perceptible a sans doute à voir : d'une part, avec les raisons de notre besoin irrépressible d'être informé; d'autre part et consécutivement, avec le métier de journaliste et ce qui fait l'essence même du travail des médias, censés rendre compte de ce qui se passe dans l'ensemble de la société. En particulier, l' Objectivité qui est une vertu journalistique, commande littéralement de dire " vraiment" ce qui se passe et " tout" ce qui se passe, en allant au delà des déclarations convenues et partisanes (donc au delà de ce qu'en disent les intéressés) et au delà des apparences (donc au delà de ce qui est visible, dit ou affiché). C'est en cela que l'on parle souvent du pouvoir des médias comme d'un Contre-pouvoir, en justifiant en outre leur existence par les exigences d'une nouvelle vertu démocratique, largement intégrée à la pratique anglo-saxonne, celle de la Transparence, même si celle-ci est parfois en trompe l'oeil. En particulier, cela justifie pleinement le journalisme d'investigation dans tous les domaines, notamment, politique, économique, social et environnemental où chaque acteur doit pouvoir justifier d'un comportement vertueux et donc, concomitamment, de ses erreurs ou de ses fautes. Or, à coté du journalisme de témoignage, le journalisme d'investigation consiste bien, pour débusquer une vérité que l'on a tendance à cacher, à susciter et à profiter de toutes les fuites d'information possibles, tout comme le font les services officiels de renseignements de chaque pays, ses services de polices et ses services de contrôle (fiscaux et autres), chacun dans leur domaine. Face à cela, les réponses sont d'abord de nature politique (gestion de la relation médias/société/pouvoir), puis technique (protection des données, notamment dans le domaine numérique) et, à défaut, répressive (encadrement juridique et sanctions). Cependant, ces réponses ne font tout au plus que réguler une société qui produit toujours plus d'informations et qui, pour ce faire, semble implicitement organiser elle-même son système de fuites; au moins, s'en accommoder. Ainsi les fuites d'information sont légion et elles paraissent même faire partie des fondamentaux sociologiques et politiques de notre société, au point que le seul phénomène qui vaille peut être d'être étudié, en contrepoint des fuites d'information qu'il génère, c'est ce climat général de suspicion et d'incrédulité que génère toute organisation sociale moderne; ce dont témoigne le besoin de transparence dans notre propre organisation, dès lors qu'elle se démocratise au delà de l'appareil politique. Reste, non seulement à trouver les limites de la transparence, mais aussi à apprécier les outils de mesure des conséquences à en tirer, et sur quelles informations ils doivent porter, alors que toute fuite est nécessairement lacunaire, souvent isolée, voire orientée... La transparence anti-systèmeIl s'agit ici d'une démarche militante, assez largement anti-système, qui se réclame d'une philosophie humaniste, parfois proche des intermondialistes à l'extrême. Elle vise au partage systématique de toutes les informations à l'encontre notamment de leur marchandisation, de leur confinement dans des cercles spécifiques et de leur accès restreint. Ainsi, par exemple, telle est parfois la motivation de certains contributeurs de Wikipédia, et peut être l'une des légitimations de l'encyclopédie elle-même qualifiée par ailleurs de "libre". Elle vise aussi, sous prétexte de militer en faveur d'une prise de conscience du risque numérique, à développer les moyens d'intrusion et de hacking dans les réseaux informatiques pour en débusquer les fuites, même si pour certains il ne s'agit que d'un jeu. Pour ces "jusqu'au-boutistes" de l'informatique, toute information à leur portée est bonne à connaître, voire à divulguer puisque ses détenteurs n'ont pas su (ou pas voulu, prétendent certains) la protéger. Sans compter que pour d'autres, dès lors qu'un individu ou une organisation est irréprochable, il ne devrait pas craindre la fuite; celle-ci étant un moyen de régulation et de moralisation de la vie sociale, économique et politique, face à l'hypocrisie générale et aux agissements notamment des puissants qu'il s'agirait de débusquer. La dérive "people"On se doit sans doute d'ajouter aux considérations précédentes, la Peoplisation de la vie privée et la véritable traque à l'information que ce phénomène recouvre désormais. D'abord à l' Honneur pour vulgariser la vie publique, puis intime, des stars et des vedettes du Cinéma, puis de tout le show-biz, et progressivement étendu à la jet-set, puis dernièrement à ceux qui nous gouvernent et, plus généralement, à tous ceux qui, à un titre ou un autre, ont une place dans la vie publique ou bénéficient d'une célébrité quelconque, même éphémère. On avait vu aussi par le passé se développer le même phénomène à propos des Faits divers, notamment crapuleux, criminels et/ou politiques, avec une presse spécialisée, toujours présente aujourd'hui, parfois qualifiée aussi de presse à scandale (notamment outre-manche) lorsqu'elle est plutôt orientée vers l'exploitation de fuites visant les hommes politiques. Mais cette dernière se confond aussi avec une partie de la presse people. Désormais, le phénomène a pris l'ampleur d'un véritable phénomène de société touchant presque toutes ses strates. Il génère un système bien rodé de fuites avec ses spécialistes que sont les paparazzis. Parfois vu comme le prolongement de la presse d'information dont ce phénomène ne serait qu'un domaine particulier, nécessitant des modalité particulières, la presse people et de faits divers qui en rend compte et en vit (presque dans tous les pays), invoque, elle aussi, les exigences du devoir de transparence. Mais elle est plutôt regardée comme attentatoire à la vie privée, notamment en France où ce genre de fuites est réprimée plus qu'ailleurs. Le ressenti de ceux qui sont visés par ces atteintes est d'autant plus douloureux que les informations rapportées ne brillent pas toujours par leur précision ou leur exactitude. A l'inverse, certaines célébrités, du show-biz en particulier, se servent aussi de cette presse à leur profit. Quelques unes sont même victimes après avoir été complice. Il faut de toutes façons observer que cette presse n'existerait pas sans l'assentiment implicite des lecteurs qui l'achètent. En outre, les médias généralistes ne sont pas avares pour exploiter ce genre de fuites d'information, notamment celles concernant la vie privée des hommes politiques, comme en 2007/2008, l'exposition de la vie affective (divorce et remariage) du président français Sarkozy l'a démontré une fois de plus. Les ressorts de cette peoplisation générale, qui se délecte de ces fuites, sont vieux comme le monde et ont à voir avec la curiosité, parfois jugée malsaine, qui anime l'être humain et que l'on retrouve aussi illustrée dans la vie quotidienne, par exemple entre voisins ou entre collègues de bureau. Entre autres, cela pose sans doute le problème de la Déontologie journalistique et exige une réflexion sur l'éthique individuelle et sociétale, au moins de nature sociologique et philosophique.... Notes et références.. BibliographieSur l'intelligence économique : - Henri Martre et autres, Intelligence économique et stratégie d'entreprise, Rapport du Commissariat général au plan, La documentation française, 1994, 167p
- Bernard Carayon, Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale, Rapport au Premier ministre, La documentation française, 2003, 176p
- MEDEF Paris, L'intelligence économique. Guide pratique pour les PME. Livre blanc. Novembre 2006
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